Le 9 janvier 2020, Skander, âgé de 23 ans, s’élançait au guidon de sa trottinette électrique. Quelques instants plus tard, il mourait percuté par un tramway en haut de l’avenue de Laon à Reims. Une marche blanche, organisée par la famille, lui rendait hommage ce samedi 9 janvier.
"Nous sommes restés 360 jours à attendre la décision du procureur de la république, explique Karim Benhassine, le papa de Skander. 360 jours sur un fil, une jambe dans la douleur et une autre qui lutte pour ne pas sombrer. Un tunnel sans fin".
Karim Benhassine et Delphine Maximy, les parents de Skander, ont commencé à évoquer un hommage à leur fils le 25 octobre dernier, le jour de son anniversaire. D’abord au sein de leur entourage proche, puis mi-décembre, ils l’ont annoncé sur les réseaux sociaux. "Cette marche nous la voulions en hommage à notre fils et aussi pour que notre affaire ne soit pas oubliée", explique Delphine. "Plus le temps passait et plus c’était douloureux, reprend Karim. Il a fallu un an pour savoir que la mort de notre fils était classée sans suite par la justice".
Le 4 janvier dernier, la nouvelle est tombée. "Nous savions qu’il n’y avait aucune infraction de la conductrice du tramway… ce n’est pas pour cela que le lieu n’est pas dangereux, précise encore la maman de Skander. Nous voulons parler des problèmes liés à la circulation du tram dans l’avenue de Laon. Cette marche blanche a cet objectif".
C’est un combat pour la vie de notre fils. Skander suppliait de vivre après avoir été percuté, c’est ce que nous a expliqué un commerçant sur place. Le tram ne lui a laissé aucune chance.
Le 9 janvier 2020, Skander, jeune homme de 23 ans était au guidon de sa trottinette électrique. Il remontait l'avenue de Laon à Reims et roulait sur la voie du tramway qui l'a percuté. Il est décédé sur la voie publique après avoir été projeté à plusieurs dizaines de mètres. "C'est un endroit très fréquenté, entre le lycée Roosevelt et le collège Jeanne D’Arc. Il y a autant de piétons qu’en centre ville, explique Delphine Maximy. Pourquoi là, la vitesse est-elle de 30 km/h et n’est-elle pas limitée ? Ce n’est pas normal. C'est une formule 1 de 40 tonnes, cela fait une drôle d'impression. Et il n'arrête pas de klaxonner."
Il y a quelques jours, les parents de Skander se sont rendus sur le lieu de l’accident pour constater que les choses n’avaient pas évoluées depuis le décès de leur enfant. "Aujourd’hui, même les piétons ne sont plus prioritaires. Lorsqu’ils s’engagent pour traverser lorsque le feu l’indique, ils doivent s’arrêter pour laisser passer le tram, expliquent-ils. C’est arrivé à une vieille dame récemment qui a failli avoir un malaise lorsque le tram l’a klaxonné. Ce sont les commerçants de la rue qui lui ont expliquée comment faire. Ce n’est pas normal, on ne peut pas laisser faire ça".
"On ne veut pas en rester là"
Le papa de Skander, Karim, travaille à Paris et est aussi un adepte du vélo et de la trottinette électrique. "Le 9 janvier (2020), lorsque l’on m’a annoncé le décès de mon fils, ma première réaction a été de me dire mais pourquoi ne roulait-il pas que la piste cyclable ? J’ai ensuite constaté qu’il n’y en avait pas, j’étais effondré. Je ne comprends pas que dans une telle avenue il n’y en ait pas. Quand je vois le travail qui a été fait à Strasbourg, à Paris, à Nantes et dans de nombreuses villes de France. Encore aujourd’hui, rien n’a été fait (sur le lieu de l'accident) et il y a de plus en plus de vélos et de trottinettes et il y en aura toujours plus. Tout est réuni pour qu’un nouvel accident se passe".
Il aurait mérité une bonne "prune". Skander était très honnête, très droit et très respectueux. Il a payé trop cher son erreur.
"Nous n’en resterons pas là. Avec notre avocat, nous allons récupérer tout le dossier pour prendre connaissance des pièces de l’enquête menée par la police. Et en fonction de cela nous aviserons".
Delphine et Karim, les parents de Skander, leur fils unique, veulent que sa mort serve à quelque chose. Ils souhaitent qu’elle soit citée en exemple avant toute construction d’autres voies de tramway. Ils veulent que la cohabitation entre tous les modes de transport devienne une priorité.
Que ce fil qui les maintient en vie aujourd’hui soit tissé pour qu’à Reims, vélos, trottinettes, voitures, tramway, bus puissent rouler sans trembler. "Et qu’on ne nous parle pas d’argent. Les pistes cyclables sont l’avenir… Nous on est là avec notre douleur".